Cher membre du Club,
Il y a de quoi avoir le tournis.
ESG, ISR, RSE, B-Corp, ODD…
On ne compte plus les labels des initiatives « à impact ». Entendons par-là des projets qui impactent positivement l’environnement, le lien social, le climat (c’est déjà un sacré programme).
Quelles étiquettes pour quels projets ?
J’ignore si les spécialistes parviennent à faire eux-mêmes la différence. Essayez de demander à votre banquier ce qu’il peut vous proposer en la matière : c’est tout sauf concret.
Et c’est dramatique, car l’investissement à impact attire trop peu.
Alors qu’une majorité d’investisseurs souhaitent investir « utile » – mais de manière concrète.
Les raisons d’investir ne manquent pas : on peut vouloir gagner de l’argent ET vouloir faire le bien autour de soi.
Sans jamais avoir à choisir entre les deux. C’est ce dont je vous parle aujourd’hui.
#1 – Faites-vous un portefeuille hors-sol
Et si vous financiez la productivité environnementale ?
Il s’agit de produire autant en réduisant la consommation de ressources nécessaires à la production.
Prenons l’exemple concret de l’agriculture : comment produire autant de salades avec moins d’impact sur les ressources naturelles ?
Une société de gestion (Schroders) a récemment permis à ses clients épargnants d’investir dans des serres hydroponiques à énergie durable.
Au lieu d’installer des cultures sur des terres arables, les serres sont construites à proximité d’installations de traitement des eaux usées pour en exploiter la chaleur résiduelle.
L’idée est donc de capter la déperdition d’énergie (ici de chaleur) d’une activité pour en faire profiter une autre.
Salade hors-sol : c’est du propre
Ces procédés de culture hydroponique ne nécessitent pas de terre, utilisent 10 fois moins d’eau que l’agriculture de plein champ, n’ont pas besoin d’utiliser de pesticides, et réduisent le gaspillage à néant.
D’un point de vue financier, le rendement est donc bien supérieur à celui d’un projet agricole classique. La productivité augmente de 50% !
Et votre impact est réel : ici, jusqu’à 75 % d’intensité carbone en moins.
J’aime particulièrement l’exemple de ce projet, car aucun détail n’est vraiment révolutionnaire : cela fait plus de 250 ans qu’on recycle la déperdition d’énergie (ça commence avec la machine à vapeur). L’hydroponie est également un procédé connu et éprouvé.
Mais mis bout à bout, cela crée une chaîne de valeur efficace et mesurable.
#2 – Offrez-vous un distributeur automatique
Ici on ne parle pas de machine à café ou de barres chocolatées, mais plutôt d’électricité.
Il s’agit d’investir dans une station de recharge de véhicules électriques (voitures, ou bus).
En termes d’impact, cela permet d’éviter des dizaines tonnes d’émissions de carbone par an, produites par des moteurs à combustion interne équivalents diesel et essence.
Le modèle est simple : vous détenez ou louez un parking, que vous équipez (indirectement, une société s’occupe de le faire) de bornes de recharge. Vous vendez à la fois de l’électricité et une place de parking (le temps de la recharge).
Station de recharge de véhicules électriques
Bien sûr, c’est plus simple d’investir dans une société qui installe l’infrastructure plutôt que de tout faire soi-même.
Le marché est immense, comme vous l’imaginez facilement. Des sociétés comme Car2plug vous proposent de devenir propriétaire d’une borne de recharge, et de recevoir les bénéfices d’une station en fonction de votre investissement.
Enfin n’oublions pas que l’infrastructure qui favorise les mobilités « bas-carbone » profitent de généreuses subventions.
#3 – Produits blancs, produits bruns : faites la révolution
Et par révolution j’entends le terme scientifique : la rotation complète d’un objet mobile autour de son axe.
Le recyclage ne concerne pas que nos déchets.
Nous parlons ici de l’opportunité d’investir dans l’économie circulaire : gagner de l’argent en favorisant le recyclage, en éliminant les déchets et la pollution liés à la production.
Smartphone, tablette, frigo, lave-linge, robot de cuisine, plancha, centrale vapeur, machine à dosettes de café, etc. Rares sont ceux que l’on peut conserver plus de 7 ans sans les remplacer – et plutôt 3 ans pour les téléphones et ordinateurs !
Il est désormais possible d’investir dans les plateformes de produits électroménagers de seconde main.
Une entreprise comme Largo par exemple, est spécialisée sur la revente de smartphones, ordinateurs, montres et autres appareils connectés.
Et vous pouvez investir, car cette entreprise est cotée en bourse (ALLGO / code ISIN FR0013308582). Attention cependant, car c’est une « petite » capitalisation, avec peu de volumes échangés et de liquidité.
Ce qui est particulièrement astucieux, c’est que les plateformes comme Largo dépassent l’univers de « l’occasion ».
Elles permettent des échanges de ce que vous connaissez désormais sous le nom de produits « reconditionnés ».
Comme si vous revendiez votre voiture, mais qu’avant d’être mise sur le marché de l’occasion, elle soit entièrement révisée et qu’elle passe le contrôle technique chez un spécialiste agréé.
Ce qui ajoute un sentiment rassurant au fait de faire une bonne affaire.
Et le marché du reconditionné explose, car il ne concerne pas que l’achat… mais aussi la revente !
Sur Backmarket, Largo, Underdog, etc. vous pouvez vendre vos produits électroménagers dont vous ne vous servez plus ou que vous souhaitez remplacer.
#4 – Faites un mix prudent
Il y a des dizaines d’autres façons d’investir avec impact, notamment :
- Financer l’inclusion en investissant dans des logements sociaux modernes (vous le faites à travers de votre livret A) ;
- S’intéresser à l’assurance du risque climatique pour aider les agriculteurs à améliorer leur rendement ;
- Participer à la bancarisation des personnes démunies pour faciliter l’accès aux services financiers…
Mais toutes les solutions ne sont pas aussi accessibles que celles présentées plus haut.
En investisseur indépendant, j’avoue préférer faire les choses sans intermédiaire, surtout lorsqu’il s’agit d’avoir un impact concret, pour pouvoir me dire : « j’ai contribué à ça ».
Et heureusement, il existe des fonds qui agrègent plusieurs placements à impact. Ce sont parfois des ETF (fonds indiciels), des SICAV (fonds de placement collectif), ou même le simple LDDS (livret de développement durable et solidaire).
Le bon point est qu’ils font tout pour vous : vous placez votre argent, qui est investi par votre banque ou votre conseiller.
Le point d’attention est qu’il faut vérifier ce qui est fait. Car parfois ces produits labellisés « à impact » sont des fourre-tout de l’épargne.
Je vous invite donc à feuilleter la documentation qui va avec les placements « à impact » qu’on peut vous proposer. Vous devriez pouvoir répondre aux questions suivantes :
- Quels sont les projets financés ?
- Dans quelles entreprises le fonds investit-il ?
- L’approche vous correspond-elle ?
Des épargnants se sont récemment retrouvés à détenir l’action TotalEnergies dans un portefeuille « socialement et environnementalement responsable » !
On peut comprendre leur étonnement : un producteur et distributeur énergies fossiles a-t-il sa place dans un portefeuille à impact ? (Précisions que TotalEnergies est engagé dans l’hydrogène)
Vous comprenez maintenant pourquoi je privilégie les placements à impact concrets et directs.
Quand on veut faire le bien, on veut le faire bien.
Je vous reparle très vite,
Felix Baron