Cher membre du Club,
Nous sommes pile au milieu du gué.
Trempés dans un cours que la bourse déteste : l’incertitude.
Qui sera premier ministre dans 3 semaines ?
Y aura-t-il une majorité au Parlement ?
Prêtera-t-on encore de l’argent à la France ?
Le président a-t-il joué l’avenir de la France sur une carte ?
Toutes ces questions n’ont pas de réponse avant le 2ème tour des élections législatives.
Et ne pas savoir, les marchés n’aiment pas ça.
Si on en croit les titres de journaux sensationnalistes, voici ce qui nous attend (résumé en une image) :
Image générée par l’intelligence artificielle !
Mais la « radicalisation » des scrutins n’est pas neuve.
Et notre avantage actuel, c’est de pouvoir regarder comment les marchés boursiers se sont comportés lors de l’arrivée au pouvoir des radicaux, d’un bord ou de l’autre.
Trump aux USA, Bolsonaro au Brésil, Salvini et Meloni en Italie ou le parti Syriza en Grèce : il y a des leçons récentes à tirer de la réaction des marchés face aux élections – et aux trimestres qui suivent.
Afin de nous rassurer face à l’incertitude, voici 3 scénarios pour y voir plus clair sur l’été boursier à venir.
Scénario 1 : la bourse face aux souverainistes conservateurs
Prenons 2 exemples historiques récents : l’élection de Donald Trump en 2016 aux USA et celle de Jaïr Bolsonaro au Brésil, 2 ans plus tard.
L’évolution des grands indices boursiers américains et européens depuis l’élection de Trump en novembre 2016 jusqu’en 2020 donne une leçon que l’on pourrait résumer ainsi :
« Les marchés hors USA n’aiment pas Trump qui leur fait peur. Mais ils aiment les marchés américains qui donnent la tendance, et qui pèsent 43% de la capitalisation mondiale. Et les marchés américains adorent Trump ! »
Les bourses européennes aiment donc indirectement un candidat qu’elles détestent !
Intéressant de noter que l’indice français CAC 40 a mieux performé sous Biden que sous Trump (Biden a profité de l’énorme effet rebond post-covid).
Source : Panthéon Recherche
S’agissant de Jaïr Bolsonaro, élu en novembre 2018, les marchés n’ont pas eu de forte variation après le scrutin.
Par la suite, l’indice BOVESPA de la bourse brésilienne a surperformé les indices des pays pairs (gros émergents ou Amérique latine), avant de corriger à l’arrivée du Covid.
Au terme du mandat de Bolsonaro (en novembre 2022), les 3 indices étaient au même niveau.
Il faut croire que le programme économique libéral qui va souvent de pair avec une politique de droite conservatrice est de nature à ne pas trop inquiéter les marchés.
Scénario 2 : la bourse face aux nationalistes radicaux
Nous voici en Europe.
Prenons désormais le cas des élections italiennes qui ont amené Matteo Salvini et Georgia Meloni au pouvoir.
Quand Salvini arrive au pouvoir en juin 2018, l’indice MIB (Milano Borsa Index) de la bourse de Milan ne décroche pas par rapport à ses pairs français (le CAC en bleu clair) ou allemand (le DAX en violet).
Source : Yahoo Finance
Sur la durée du mandat de Salvini, l’indice MIB perd moins de 3%, dans un contexte où le DAX perd 13% et le CAC gagne +3,5%.
Le cas de Georgia Meloni est plus significatif : l’indice boursier italien superforme le DAX et le CAC 40 après 2 ans d’un gouvernement nationaliste au pouvoir.
Mais cela n’a pas toujours été le cas : il a fallu 9 mois au MIB pour surclasser définitivement le CAC 40 (de plus de 25%).
Quant aux semaines qui ont suivi l’élection, elles ont été plutôt marquées par la hausse des marchés italiens (elle-même tirée par le rebond des marchés européens à partir d’octobre 2022).
Source : Yahoo Finance
D’un point de vue boursier, les scrutins remportés par des mouvements populistes ont un effet neutre (ou légèrement positif) sur les marchés domestiques.
Scénario 3 : la bourse face aux mouvements populaires
Toujours en Europe, on peut se pencher sur le gouvernement Tsipras I et II en Grèce.
L’arrivée du 1er gouvernement du parti éco-socialiste a vraiment ébranlé la bourse grecque.
Entre janvier 2015 et janvier 2016, l’Athex 20 perdait -30%.
Quand les indices français et allemands ne concédaient que -6% et -17% respectivement.
Source : Yahoo Finance
Par la suite, notamment avec l’arrivée du gouvernement Tsipras II jusqu’en juillet 2019, les marchés grecs corrigent et ne sous-performent que légèrement le CAC ou le DAX.
La vive inquiétude à court terme des marchés peut se comprendre : les partis dits de gauche affichent souvent une défiance – déclarative – à l’égard de « la finance » et des patrons.
Je dis « déclarative » car on se souvient de François Hollande dont l’ennemi était la finance et qui n’aimait pas les riches.
Des déclarations de campagne courageuses, il faut le reconnaître. Mais qui n’ont pas été suivies de faits. Par la suite, on se rappelle Manuel Valls « my government is pro-business » et la nomination d’un certain Emmanuel Macron à Bercy.
Bien sûr, François Hollande n’était pas un président de gauche radicale. Mais j’utilise son exemple qui permet de comprendre pourquoi le gouvernement Tsipras II n’a pas davantage inquiété les marchés.
À partir d’un certain temps au pouvoir, les élus des extrêmes (des 2 bords) confrontent l’idéologie de leurs projets à la réalité économique et sociale…
Et finissent souvent par laisser tomber des mesures trop impopulaires et qui pourraient leur coûter les élections d’après.
Je vous reparle très vite.
D’ici là, visez juste et placez bien
Felix Baron