Cher membre du Club,
Tout peut arriver.
Et certains sont très doués pour le voir venir. Peut-être est-ce la vue plongeante de leurs bureaux new-yorkais qui dominent la Hudson River.
C’est le cas du géant Blackrock, qui le 18 juin dernier annonçait – à la surprise générale – la création et la distribution d’un fonds indiciel (un tracker, ou ETF) qui suivra les performances du Bitcoin.
À chacun son avis sur le plus grand fonds de pension du monde. Mais cette histoire d’ETF Bitcoin n’est pas un effet de mode. La société n’a pas non plus besoin d’attirer l’attention. En réalité, Blackrock est en train d’articuler ses opérations à ses prévisions.
Car l’évènement qui vous intéressera a eu lieu 10 jours plus tard : le 28 juin, la société a publié son Midyear Outlook, où Blackrock identifie les 5 « mégatendances » en œuvre à l’échelle mondiale.
En France, aucun média de grand chemin n’en a parlé. Il y a donc de l’avance à prendre.
Ce qui est déterminant, c’est d’exploiter chacune de ces 5 prévisions pour renforcer nos investissements. Mais prudence ! Mégatendance ne veut pas toujours dire marché porteur.
Le glas de la finance traditionnelle
L’agence Crédit Lyonnais sur la place de l’Église, c’est fini ! En substance, Blackrock indique que le système bancaire et financier mondial qui est en train de changer.
Depuis 10 ans, on pouvait voir facilement que les agences bancaires physiques disparaissent au profit des comptes gérés en ligne. Mais c’est voir les choses par le petit bout de la lorgnette.
Pour le moment, ce sont les banques centrales qui « font la loi ». Rappelons ici qu’en augmentant les taux d’intérêt de 0% à 5% en 18 mois, la Fed américaine a occasionné la faillite de la Silicon Valley Bank, de la First Republic Bank, de la Signature Bank et de la Heartland Tri-State Bank – en seulement 4 mois aux USA.
Les faillites redessinent donc le paysage bancaire, car les petites banques régionales sont « too small to live » (trop petites pour survivre) et les grandes banques deviennent des mastodontes de plus en plus gros, définitivement « too big to fail ».
Et Blackrock de préciser que ces mastodontes vont avoir affaire à une nouvelle concurrence, celle des GAFAM. Apple a lancé les hostilités avec son compte d’épargne rémunéré en partenariat avec Goldman Sachs. Combien de temps avant qu’Amazon ne lance sa propre monnaie ? Que Google ou Microsoft exigent des paiements dans leur propre crypto ?
Si les géants de la tech s’y mettent, c’est que la technologie va être au cœur de cette mégatendance – à commencer par la blockchain et les cryptomonnaies. Blackrock lance son ETF, J.P.Morgan milite pour l’organisation du secteur, HSBC et Standard Chartered veulent soutenir la plateforme crypto en Asie…
À ces innovations, on pourra ajouter les néobanques entièrement digitales, les solutions de services autour de la blockchain, etc.
Ce qui semble certain et immédiatement activable à notre niveau, c’est que les cryptomonnaies sont adoptées par le système financier, et que les 2 références (Bitcoin et Ethereum) connaissent actuellement une phase de « digestion » : leur cours se stabilise après avoir bondi de +64% et +56% au 1er semestre 2023.
C’est donc un très bon point d’entrée, avant le fameux « halving » qui interviendra début 2024.
Pendant ce temps-là, laissons les banques centrales plancher sur leurs projets de monnaie numérique ! Et passons à la suite si vous le voulez bien.
Bonjour paresse !
Inévitablement, Blackrock identifie l’intelligence artificielle comme la mégatendance majeure de l’époque.
C’est bien sûr la sortie de Chat GPT, le logiciel d’OpenAI qui a accéléré la tendance : plus de 100 millions d’utilisateurs en 7 mois ! Aucune technologie n’avait été adopté aussi vite dans l’histoire (Airbnb avait mis 2,5 ans à atteindre 1 million d’utilisateurs – 100 fois moins).
L’incroyable nouveauté et performance de l’outil est sur le point de chambouler l’industrie tertiaire, notamment les secteurs qui font face à d’importants coûts de personnel employé.
Tous les métiers à forte composante administrative, avec des tâches répétées (transports, assurance, santé, banque) vont substituer à terme l’automatisation des tâches par l’intelligence artificielle au travail réel de salariés physiques.
Et ce n’est que la première perspective de l’utilisation de l’IA au travail.
Quant à ChatGPT, ce n’est « que » l’outil le plus populaire du moment ; les concurrents de Microsoft (qui a a racheté l’éditeur de Chat GPT OpenAI) préparent leurs contre-attaques. Google a d’ailleurs déjà lancé son IA nommé « Bard ».
Hélas, pour un investisseur le moment est déjà passé sur le secteur. Bien sûr, il y a toujours des opportunités de niche, des innovations à paraitre. Mais l’intelligence artificielle a fait tellement sensation en 2023 que le niveau de valorisation des entreprises est trop élevé face au niveau de risque.
Avec ChatGPT, on parle d’une startup qui ne gagne pas encore d’argent – mais valorisée 29 milliards de dollars.
Sur l’intelligence artificielle, rassurez-vous : il y aura à nouveau des moments de marché. Mais pour le moment, je déconseillerais d’y investir seul sans expert sur le sujet.
En attendant la suite…
La semaine prochaine, je vous parlerai des 3 autres prédictions émises par Blackrock.
Vous verrez qu’elles sont bien éloignées de la technologie, et qu’on peut booster son portefeuille sur des perspectives liées à la société, à la politique… et bien sûr à l’énergie !
Felix Baron