Cher membre du Club,
C’est l’histoire d’un carambolage.
Le 5 août au soir, j’ai recensé 3 victimes principales de ce qui restera comme un “lundi noir” en bourse.
Un carambolage avec des dégâts collatéraux, d’acteurs qui étaient trop près de l’accident.
Et aussi des investisseurs qui s’en sortent sans une éraflure -et même qui ont évité les embouteillages.
Au soir du 5 août, il n’y avait pas que des perdants, loin de là !
Première chose à retenir : ce genre d’accident sur les marchés est tout à fait prévisible et devrait se produire encore.
Et la bonne nouvelle, c’est qu’on peut les éviter, et investir sans trop s’en soucier.
Mettez-vous du bon côté du bilan
Il faut le dire, le lundi 5 août a été une bonne journée mais seulement pour certains investisseurs :
- Ceux qui parient sur la baisse des marchés – il faut bien qu’ils aient raison une fois de temps en temps.
- Ceux qui détiennent des valeurs sensibles à la prochaine baisse des taux d’intérêt (Frey, Inéa, Unite Group) – ces foncières européennes ont fini leur journée dans le vert, comme si de rien n’était.
- Ceux qui ont des réserves de cash disponibles : pas de risque, pas de rendement, mais pas d’accident ! Et surtout, du liquide pour faire des bonnes affaires.
- Et ceux qui détiennent de l’or : quel que soit l’accident sur la route, ils ont le véhicule blindé, les airbags et l’assurance tout risque pour éviter le pire !
Le graphique ci-dessous le martèle une fois de plus : l’or est à ce jour un des meilleurs placements de 2024.
Cour de l’or en 2024 : +17% source : (or.fr)
Regardons maintenant le reste du marché : la journée fut très sévère.
- – 12,4 % pour le Nikkei au Japon
- – 8,7 % pour le KOSPI à Séoul
- – 3,43 % pour le NASDAQ
- – 7,06 % pour le Bitcoin
- – 6,3 % pour Nvidia
- – 4,1 % pour Amazon
1ère conclusion : Pas de surprise, même si on peut se féliciter que les valeurs “refuge” (immobilier, métaux précieux, franc suisse) aient joué leur rôle.
Ces valeurs ultra-défensives continueront de le faire si on sait les choisir et les pondérer.
Penchons nous maintenant sur les causes de l’accident.
“L’accident aurait pu être évité si…” : FAUX
Pensez à une autoroute, un weekend de chassé-croisé. Vous allez mieux comprendre ce qui s’est passé hier.
3 véhicules roulent dangereusement, et ce depuis longtemps.
D’abord, il y a “la tech”, cette voiture de sport avec un moteur électrique. Elle est capable de monter de 0 à 100 en 3 secondes.
Mais sur l’autoroute ça ne sert à rien, et c’est même dangereux. Et en plus, elle a besoin de recharger sa batterie souvent.
Ensuite, il y a l’économie américaine, cet énorme poids lourd qui roule depuis longtemps sans faire de pause.
On n’aime jamais être derrière lui, parce qu’il double tout le temps les autres camions, et son conducteur peut faire une embardée.
Et enfin il y a la bourse japonaise, qui joue ici le rôle du camion porte-voitures.
Si ce genre de camion a un accident, c’est la catastrophe vu le chargement.
Et le problème de lundi dernier, c’est que ces 3 véhicules se suivaient de près depuis longtemps.
Et soudain, c’est l’accrochage
Depuis des années, de gros investisseurs ont utilisé le marché japonais pour faire du “carry-trade”.
Comme les taux d’intérêt japonais étaient proches de zéro, les investisseurs empruntaient en yens pour investir en dollars (dont le rendement des bons du trésor était proche de 5% au début de l’année).
Simple arbitrage de taux d’intérêt : un crédit à 0%, un rendement à 5%… malin, n’est-ce pas ?
Encore plus malin, utiliser le yen pour investir avec un peu plus de risque, sur les valeurs tech du Nasdaq par exemple.
Emprunter à quasi 0% au Japon pour viser des rendements de 15% aux US, c’est brillant. Risqué, mais brillant.
Mais il faut être sûr que tout le monde tient bien son volant vers le même cap.
Depuis quelques semaines, la tech zigzague. Elle accélère, elle pile, elle s’arrête de plus en plus pour recharger.
Financièrement, ça se traduit par des annonces de résultats décevantes pour Amazon, Google, Microsoft, Intel…
Et en même temps le poids lourd américain montre des signes de fatigue inquiétants.
Concrètement, le taux de chômage est ressorti à 4,3 %, contre une prévision de 4,1 %. Une surprise peu appréciée des marchés.
Une hausse qui fait penser que ce poids lourd pourrait entrer en récession si la tendance persiste.
Quand les 2 véhicules américains se percutent, ils n’ont pas le temps de voir derrière le porte-voitures japonais qui fonce avec une mauvaise nouvelle :
La banque centrale du Japon annonce qu’elle va augmenter ses taux d’intérêt pour la première fois depuis 8 ans.
Et c’est le crash.
Ce porte-voitures ne pouvait tenir qu’avec des taux d’intérêt japonais faibles et des rendements boursiers US élevés.
Et c’est désormais le contraire qui se produit.
Tout vole en éclats : par effet de contagion, les investisseurs de « carry trade » vendent en catastrophe de gros volumes de valeurs liquides (actions, cryptos) qui font baisser temporairement les cours.
En l’occurence, il va être passionnant de voir à quelle vitesse le Bitcoin se remet (il a déjà rebondi de 16% en 24 heures).
Je mentionne le Bitcoin car il est de plus en plus sollicité pour un aspect de protection similaire à l’or (même si la spéculation a attiré les derniers investisseurs – qui sont souvent les premiers à vendre).
Concernant les poids lourds de la bourse, leur inertie demande souvent un temps de freinage trop long pour éviter les heurts.
En pratique, les poids lourds sont souvent les valeurs préférées des petits porteurs qui vendent leurs actions dans la panique. (Avant de les racheter au prix fort).
À quand la reprise du trafic normal ?
La Banque Centrale du Japon a déjà annoncé faire machine arrière, en décidant de ne pas toucher aux taux d’intérêt.
Et la bourse des valeurs technologiques américaine reste pour l’instant dans une dynamique haussière soutenue, après avoir purgé les excès des derniers mois.
Le retour sur la moyenne mobile 200 (ligne verte) pourrait même indiquer une opportunité d’achat si les cours arrivent à rebondir dessus dans les prochains jours.
Pour l’instant, le cycle de hausse qui dure depuis le début de l’année 2023 est toujours d’actualité, et pourrait se poursuivre si l’économie américaine montre des signes de force dans les prochains mois.
Surtout si, comme au Japon, les Banques Centrales s’en mêlent pour éviter la panique que pourrait créer de nouveaux « carambolages »…
Dans le monde entier, les Banques Centrales ont déjà commencé à stimuler leurs économies :
La baisse des taux en cours à l’échelle mondiale est la plus rapide depuis mai 2020 (point bas du Krach Covid), et avril 2009 (point bas de la Crise des Subprimes).
Et les chiffres de l’inflation se sont considérablement améliorés au cours des deux derniers mois, ce qui donne aux banques centrales beaucoup plus de marge de manœuvre pour soutenir l’économie si nécessaire.
Oui, il y a des raisons d’être optimiste quant à la situation dans son ensemble.
Mais le contexte actuel nécessite aussi de vous tenir informé de la situation.
Dans les prochains jours, je vous enverrai une série de mails qui devrait vous aider à traverser sereinement les prochaines secousses.
Et pour commencer, rappelez-vous : avoir de l’or, de l’argent de côté et un peu d’immobilier, ça paye.
Je vous reparle très vite.
D’ici là, visez juste et placez bien.
Felix Baron