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Cher membre du Club,

Je vous écris le dimanche 18 août 2024.

Apple demeure la 1ère participation (et la plus stratégique) de Warren Buffett.

Quoique vous ayez pu lire dans la presse financière depuis une semaine.

Warren Buffett, 93 ans

Le fonds Berkshire Hathaway de Buffett gère un patrimoine à 30% composé par des actions Apple : 390 millions d’actions pour une valeur de 84,2 milliards de dollars.

Donc oubliez ce que vous avez pu lire sur les anticipations d’un effondrement de la tech, ou sur une récession à venir, parce que Buffett a vendu une partie de ses actions Apple.

Ce qui doit vous préoccuper maintenant, ce sont les actions qu’il achète.

Et là, pas de surprise : Berkshire Hathaway répète le même pari depuis les années 1960. Celui d’être un péage de la consommation aux USA.

Derrière sa stratégie, son obsession « d’être protégé par le cash ».

La banque : non ; la carte bancaire : oui

Le formulaire 13F de Berkshire Hathaway est presque un évangile.

Ce document trimestriel détaille les placements en actions du fonds.

Depuis janvier 2024 Warren Buffett a notamment vendu une partie de ses actions « Bank of America ».

Des actions qu’il détenait depuis 2011 !

Comme pour la vente des actions Apple, il s’agit en partie d’une prise de bénéfices, mais pas seulement.

Si Buffet avait acheté Bank of America il y a 13 ans, c’était pour investir dans la 1ère banque américaine.

Fidèle à sa stratégie « Don’t bet against America », il se positionnait ainsi au cœur du réacteur de la consommation américaine : la banque.

La banque, sans laquelle vous ne pouviez pas consommer : pas de RIB pour faire virer votre salaire, pas de chéquier, de carte bancaire, de retrait d’espèces ou d’emprunt.

C’était il y a 13 ans.

Aujourd’hui, les Américains (et le reste du monde) consomment différemment. Et Warren Buffett l’a bien compris.

Aux USA, détention des portefeuilles numériques (à gauche) et utilisation du cash (à droite)

Seuls 15% des Américains de moins de 54 ans payent encore en cash. Et 71% des adultes ont au moins un portefeuille digital (type Paypal, Apple Pay, Google Pay, etc.)

Des services qui « se greffent » sur votre compte bancaire via vos cartes de paiement (Visa, Mastercard, ou American Express).

Ajoutons qu’1 paiement sur 3 se fait à crédit aux USA, là encore avec une carte Visa, Amex ou Mastercard.

3 sociétés que l’on retrouve en 4ème (Visa), 7ème (Mastercard) et 11ème position (Amex) du portefeuille de Warren Buffett.

Des positions renforcées au cours des dernières années, et qu’il ne vend pas, loin de là.

Et cela nous rappelle ce qui a fait la fortune de Buffett : la force de la consommation des Américainspas la « tech ».

Buffett achètera la plage préférée des Américains…

… Le jour où les USA paieront en coquillages.

Bien sûr, c’est une image. Mais prenons un peu de recul sur les plus gros investissements de Berkshire Hathaway :

  • Apple (iPhone, Airpods, iPad, Macbook, Apple Store, etc.)
  • Coca-Cola (Fanta, Sprite, Schweppes, Minute Maid, etc.)
  • Heinz (Kraft, HP, Capri Sun, etc.)
  • Chevron (Texaco, CalTex : stations-service)
  • American Express, Visa, Mastercard

On remarque 4 points communs : d’abord, ce sont des sociétés aux marques fortes, avec un pouvoir de fidélisation important des clients.

Elles ont des produits et services qu’il est difficile de quitter en tant que client.

Ensuite, toutes ont une bonne santé financière et versent des dividendes.

Peu importe le secteur, tant qu’il concentre la consommation des Américains, et du reste c’est le cas d’Apple.

D’ailleurs, Buffett met Apple dans la catégorie « hardware », c’est-à-dire « matériel ». Je le répète : avec Apple, Buffet n’a jamais fait de pari sur le pouvoir d’innovation de la tech.

Sinon, il se serait trompé.

« Misez sur ce qui va se passer, pas sur ce qui pourrait arriver. »

En presque 65 ans d’activité, Warren Buffett n’a presque jamais essayé de faire du « market timing » (anticiper l’évolution du marché).

Et le cas échéant, il s’est planté.

Au pire de la crise de 2008, Buffett a acheté et gardé des actions Conoco Phillips (extraction de pétrole) pour parier sur le rebond rapide du cours du baril, malgré la crise. Ça ne s’est pas produit, le fonds a perdu 1,5 milliards de dollars.

Fin 2008, la ligne Conoco Phillips faisait perdre 2,6 milliards à Berkshire Hathaway

Autre exemple avec les compagnies aériennes : en mai 2020, Buffett a liquidé ses 4 positions américaines (United, Delta, Southwest, American Airlines) dans la panique du confinement.

6 mois plus tard, les cours s’envolaient (grâce aux annonces d’un vaccin ARN) : s’il avait patienté, Buffett aurait gagné beaucoup d’argent.

Je donne ces exemples (peu nombreux) pour vous rappeler que dès que Buffett dévie de sa stratégie, il perd.

Cash is king : oh, quelle surprise !

Revenons maintenant aux transactions récentes de Berkshire Hathaway.

Après avoir vendu notamment 85 milliards de dollars d’Apple, le fonds dispose de près de 250 milliards de dollars de cash disponible.

Si Buffett a vendu, c’est pour du rendement garanti.

Et malgré le trésor de guerre dont son fonds dispose, il n’est pas dans une chasse aux opportunités sur le marché.

Au contraire, il place conformément à sa stratégie : du probable, et du rentable.

Au début du mois d’août, Berkshire Hathaway avait placé 234,6 milliards de dollars en Bons du Trésor américain à court terme.

Pour vous donner une idée, le fonds détient plus de Bons du Trésor que la Réserve Fédérale Américaine elle-même !

Un investissement au-delà du probable : les bons rapportent entre 5,33% et 4,95% par an selon leur durée (entre 1 et 6 mois maximum).

On le voit encore ici, la préoccupation de Buffett ce sont les placements qui rapportent du cash, avec une forte garantie de protection (ici, celle de l’état américain).

Une assurance-vie pour milliardaire, en quelque sorte.

Toute la question est de savoir si on peut « faire comme lui ».

La réponse est oui.

En combinant : 

– Des liquidités facilement accessibles, dans une monnaie relativement solide, qui fournissent des rendements intéréssants.

– Et des actions d’entreprises résilientes, qui possèdent une marque forte et un produit / service indispensable.

Le tout avec un horizon d’investissement suffisamment long, sans trop vous soucier des fluctuations de court terme.

Enfin, comme Buffett l’a rappelé avec Apple, n’oubliez pas de prendre des profits réguliers en cours de route.

Je vous dis à très vite.

D’ici là, visez-juste et placez bien.

Felix Baron